LES DISQUES DE SERENITE
VERS DES ESPACES DE SERENITE
Je me souviens avoir écrit en 1987, pour un catalogue d'une exposition à Bâle: « […] Le recueillement, la méditation exigent que l'esprit soit dépouillé de toute pensée, dépouillé comme un drap que l'on lave et que l'on essore de ses impuretés. Pour se recueillir, pour méditer, un lieu, un espace est nécessaire[…] ». Et j'ajoutais plus loin :« […] Créer des peintures de recueillement, de méditation qui permettent d'être à l'écoute de soi, des lieux pour l'homme d'aujourd'hui. Des œuvres qui lui permettent de rêver, de se réveiller, de se révéler à lui-même, où il puisse enraciner sa pensée aux perceptions intemporelles et spirituelles. Œuvre par rapport auxquelles il puisse prendre conscience de ses actes, de ses énergies. Des œuvres qui lui permettent de se construire dans la confusion de notre Monde[…] ».
Le critique d'art Gilles Plazy, écrivit dans un éditorial de deux colonnes paru dans le Quotidien de Paris en 1982 : « […] Einbeck n'est pas un faiseur de mandalas, l'illustrateur de quelques religions. Sa démarche est celle d'un artiste contemporain qui a assimilé les données de l'histoire de la peinture abstraite mais aussi un certain nombre de recherches scientifiques (et il reste en contact avec des chercheurs de différentes disciplines). Dans sa quête, de vérité essentielle à l'homme, il allie la science à la métaphysique et retrouve ainsi cette démarche fondamentale de la cabale qui n'est pas la version occulte d'une quelconque religion mais le texte d'une science et d'une sagesse universelle dont on trouve des versions dans diverses civilisations (entre la cabale et le Yi-King chinois il y a plus que des similitudes). Si sa peinture est "abstraite", s'il refuse le recours aux éléments "figuratifs", c'est qu'il ne s'attache pas à ces anecdotes que sont les mythes mais aux forces universelles de la formation et de la création, aux énergies qui animent le monde. Aussi y a-t-il dans ses peintures quelque chose de la tension des champs magnétiques […]».
A cette époque j'avais créé le C.E.R.C.L.E.S. (Centre d'Etudes et de Recherches sur la Couleur Et le Signe) dont les objectifs du départ étaient de faire la synthèse de toutes les études de couleur qui avaient été menées dans le monde. La première action pratique fut de mettre en place à l'hôpital Ambroise Paré à Paris avec une équipe scientifique pluridisciplinaire une étude sur des conséquences de la couleur sur les maladies cardiovasculaires. Des œuvres furent conçues plus tard et acquises entre autres par le SouthwesternMedical Center of the University of Texas in Dallas et le Children'sMedical Center à Washington D.C.. Aujourd'hui, les « Disques de Sérénité » sont le résultat de ce travail mené pendant des décades. Comme si toute cette connaissance et expérience avait été digérée pour laisser place à un art de l'émotion.
Aujourd'hui, les « Disques de Sérénité » sont le résultat de ce travail mené pendant des décades. Comme si toute cette connaissance et ces recherches avaient été digérés pour laisser place à un art de l'émotion qui soit un sacre de la vie.
Bien que ces disques puissent faire penser au disques bi de la Chine antique, ils pourraient aussi s'assimiler aux nimbes et auréoles (aura) des saints des tableaux de la Renaissance, mais la forme du disque ici est prise comme une visualité alliant la géométrie sphérique des éléments de la nature qui nous entourent à l'image archaïque et universelle de l'archétype du cercle que mentionne Carl Jung comme étant le symbole de soi : « Il exprime la totalité de la psyché dans l'ensemble de ses aspects, y incluant la relation entre l'être humain et la nature des choses qui l'entoure.»
Seulement mon travail ici dépasse la pure notion intellectuelle pour aller vers ce qui pourrait être défini comme une « action painting » terme qui fut employé en 1952 par le critique américain Harold Rosenberg, pour caractériser l'importance de la gestualité dans le travail de certains artistes expressionnistes abstraits – une tendance qui a aussi ouvert sur le courant Color Field (Clyfford Still, Mark Rothko, Barnett Newman).
Quoi que le travail soit ici beaucoup plus contrôlé, allant dans le sens d'une visualité de l'émotion – celle qui peut entraîner un retour sur soi et ouvrir au questionnement de notre place dans l'Univers – celle d'être soi et parmi les autres.
Une peinture menant à la sérénité d'être – un chemin vers une certaine forme de spiritualité – celle d'exister pour être en osmose avec le tout.
Faisant suite à mes réalisations artistiques passées (notamment à la FIAC 1981 et à la Galerie Mainetti à Bâle en 1987) et à partir des Disques de Sérénité mon attention est maintenant de créer des lieux de ressourcements. Des lieux menant à la Sérénité et qui soient des chemins allant vers le bien-être, le recueillement et l'émotion. Des lieux qui peuvent accroitre une certaine prise de conscience pour être en harmonie avec soi même. Des lieux qui puissent être installés dans des villes, des endroits publics tels que les hôpitaux où les hôtels, là où les êtres ont besoin de se retrouver pour faire face soit aux épreuves de la maladie ou au tumulte de la vie quotidienne.
Robert Einbeck – le 8 Avril 2015.