LES VACHES SACREES
LE RELAIS DE LA POSTE
MAGESCQ
Il y a quelques années, mes amis Annik et Jean Coussau m'ont parlé du désir qu'ils auraient d'avoir dans leur bel établissement « Le Relais de la Poste » à Magescq – Relais-Château privilégié de haute gastronomie et havre de paix – deux œuvres d'art qui seraient des vaches peintes. A l'époque j'étais investi dans les Time for Peace Film & Music Awards et m'étais provisoirement arrêté de peindre. De plus j'habitais aux Etats Unis.
Aujourd'hui, pour symboliser la reprise de mon activité artistique et mon retour en France, il me semblait évident quec'était l'année pour que j'accepte de réaliser ces deux vaches. Mon intention n'était pas de décorer simplement les deux formes de vaches comme souvent vu dans le monde, mais de créer réellement deux œuvres d'art chargées d'un contenu mythique et en adéquation avec la joie et les festivités liées aux plaisirs qui correspondent parfaitement à l'identité qu'est le « Relais de la Poste » où elles allaient séjourner et dont la réalisation ne serait pas éloignée de ma nouvelle démarche artistique.
Pour concevoir les deux vaches « sacrées », je me suis inspiré de personnages antiques où deux civilisations se juxtaposent, la Grèce et l'Egypte. Le premier de ces personnages est Pasiphaé, ce qui veut dire en grec ancien « Celle qui brille pour tous », une épithète classique de déesse Lune. Pasiphaé est l'épouse de Minos, roi de Crète et est présentée comme une immortelle ou une magicienne. La légende dit que son mari Minos a un jour imploré Poséidon, le dieu des mers et des océans de lui offrir un superbe animal qu'il lui sacrifierait. En réponse à sa demande, Poséidon a fait sortir des flots un magnifique taureau blanc que Minos a trouvé si beau qu'il décida d'épargner l'animal quitte à tromper le dieu et d'immoler une autre bête à sa place. Furieux de l'attitude de Minos, Poséidon rendit le taureau déchaîné au point qu'en furie il dévasta toute la Crète. Dans le même temps Aphrodite rendit Pasiphaé folle amoureuse de l'animal et demanda à Dédale de lui construire une statue creuse de vache dans laquelle elle pourrait se placer et s'accoupler avec le taureau. Il faut dire que la vache devait être magnifique pour tromper le taureau. Platon cite que les statues de Dédale étaient si criantes de vérité qu'il fallait selon la légende les enchaîner pour les empêcher de s'enfuir. De l'accouplement de Pasiphaé avec le taureau naquit le Minotaure. C'est à la suite de cet épisode que Minos fit construire le labyrinthe pour enfermer le Minotaure. Sur une des faces de certaines pièces de l'époque de la Crète antique était dessiné ce labyrinthe qui exprimait la fortune.
J'ai détourné l'histoire et au lieu d'être envoûtée par Aphrodite, Pasiphaé l'a été par la déesse égyptienne Hathor. Hathor, déesse des festivités, de l'amour et de la joie est représentée sous les traits d'une vache ou d'une femme portant le disque solaire entre ses cornes. Cela m'a semblé couler de source puisque les grecs identifiaient Hathor à la déesse Aphrodite. Hathor est aussi associée à la voie lactée et les quatre pattes de la vache céleste peuvent être considérées comme les piliers sur lesquels le ciel est porté. Il me semblait donc parfaitement normal que Pasiphaé puisse être inspirée par Hathor pour se cacher dans une vache et insuffler au taureau l'amour, les festivités et la joie. D'où ces deux vaches sacrées qui s'organisent autour de l'Amour, de la Joie et des Festivités liant toute la symbolique de ces deux personnages antiques à celle du « Relais de la Poste ».
Robert Einbeck – October 2013